La surpopulation des sangliers a causé d’importants dégâts,...
en zone haute montagne. La situation préoccupe tous les intervenants, décidés à agir de concert pour trouver les solutions adéquates.
« L’affaire » n’est pas nouvelle, mais elle tend nettement à s’intensifier. Déjà en 2019, une augmentation massive du nombre de sangliers avait posé d’énormes dégâts dans les cultures sur le secteur Orthez-Sallespisse. Mais la prolifération du mammifère concerné ne cause pas des soucis qu’en plaine. Cette année a été également marquée par d’importants dégâts causés en haute vallée d’Aspe. « Pour la première fois, un de nos bergers transhumants, est redescendu avec son troupeau le 20 août, soit un mois avant la fin de l’estive », explique Didier Hervé, directeur de l’IPHB. Pierre Larraillet a en effet été contraint de quitter son estive de Espélunguère sur la commune de Borce, en cause les importants dégâts causés par le piétinement des sangliers, véritable désastre pour la prairie, source d’alimentation de ses brebis. Malgré 200 sangliers adultes abattus durant la saison liée, la surpopulation est toujours bien prégnante. En cause, une augmentation massive du nombre de gestations de l’animal : « d’une portée par an, nous sommes passés à trois portées par tranches de deux ans », reprend le directeur de l’IPHB. Une augmentation qui tient son origine d’une part sur l’adoucissement climatique, mais également sur les conséquences directes de l’après COVID. Sur les deux années liées à la crise sanitaire, la fermeture de l’axe France-Espagne a considérablement participé à la multiplication de l’animal. En effet, nombre de chasseurs français passent la frontière durant la saison. Là, durant deux ans, ce n’était plus possible. Reste à présent à trouver les solutions aux problèmes de cette surpopulation et aux importants dégâts tant sur l’écosystème que sur l’économie qu’elle provoque. « La solution ne peut qu’être collective », comme l’explique Pierre Larraillet, par ailleurs responsable de l’association des éleveurs transhumants. Car, pour compliquer un peu plus la tâche, le problème se situe en plein Parc National des Pyrénées, avec toutes les contraintes inhérentes. C’est pourquoi, un CGP (Conseil de Gestion Patrimonial) abordant la question s’est tenu récemment au siège de l’IPHB.
Outre la régulation animale, se pose le problème de la reconstitution des plaines ravagées
Il en ressort que seul un travail en profondeur et en commun avec toutes les entités : Fédération de chasse, DDTM, Parc Nationale des Pyrénées, IPHB, éleveurs permettra d’envisager une sortie d’une situation aussi complexe. Pour Ophélie Escot, éleveuse mais aussi maire de la commune de Cette-Eygun, particulièrement touchée par le phénomène « sangliers », aucun sujet ne doit être tabou : « dans nos estives des prairies sont détruites sur 30 à 40 cm de profondeur, mais les prairies en plaine sont également impactées. Outre l’augmentation du nombre de gestations, la baisse du nombre de chasseurs est également une réalité dont il faut tenir compte. On parle beaucoup des animaux comme régulateurs naturels de la faune et la flore, mais l’homme l’est tout autant et ce message est beaucoup trop oublié ». L’élue enfonce le clou : « Si on n’agit pas vite et bien on va au-devant de grosses désillusions. Dans nos métiers, l’homme travaille pour la nature, son travail peut être détruit si on laisse la situation perdurer ». Pour Pierre Larraillet, il faut aller encore plus loin : « le sanglier n’a pas de passeport, nous sommes à la frontière entre la France et l’Espagne, la réflexion doit également se faire entre transfrontaliers ». Mais avant d’agir, reste encore à connaître la population de l’animal. Là, les choses se compliquent. Le sanglier est un animal qui se cache beaucoup et est excessivement mobile. « Avec une remontée précise des dégâts causés par l’animal, on peut avoir une estimation, explique Pierre Larraillet, qui prône ensuite pour des systèmes de piégeages, afin de procéder à des éliminations « sans danger pour les randonneurs ». Mais, outre la régulation animalière, le problème des reconstitutions des plaines ravagées est également une urgence. « Habituellement, il faut plusieurs années pour reconstituer le milieu naturel ainsi détruit, il faut trouver une solution techniques pour accélérer le processus », reprend Didier Hervé. Rappelons qu’à la différence des dégâts en plaine, ceux en montagne en milieu naturel ne sont pas indemnisés.
Fabrice Borowczyk
Ci-dessous quelques photos des dégâts occasionnés par les sangliers en Haute-Montagne :
Photos : IPHB