Le marché couvert de Tardets....
accueillait un peu « la grande messe » des amateurs de chasse à la palombe en Soule le samedi 11 mai. Comme tous les trois ans, c’était en effet le jour des nouvelles adjudications.
Cabanes et cols réservés au tir au vol, étaient remis aux enchères pour une nouvelle période triennale. Si durant des décennies, ces enchères ont pu donner à des mémorables foires d’empoigne, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour preuve, aucune surenchère n’a été effectuée lors de cette matinée organisée par la Commission syndicale. Les « enchères bon enfant » ont toutefois permis aux organisateurs d’atteindre l’objectif qui était fixé, à savoir plus de 100 000 euros (2 200 pour les 15 cabanes et 98920 pour les 17 cols) : « Nous sommes dans ce que nous avions envisagés, à savoir une baisse de 10 % des revenus par rapport à il y a trois ans, explique Jacques Barreix, syndic de Soule, tout le monde a en tête les enchères d’autrefois avec de nombreuses surenchères et des concurrences importantes. C’était un petit spectacle à l’époque, qui n’a plus lieu aujourd’hui. Les raisons sont claires : passages moins nombreux et plus tardifs et moins de chasseurs. Sur les cabanes, nous avions décidés de laisser les mêmes prix, comme il y a trois ans. Quelques cabanes n’ont pas encore trouvé preneurs, cela s’explique en partie par des départs de chasseurs en dehors de Soule, pour suivre justement la palombe qui passe moins sur le secteur et s’est déplacée un peu plus loin. » Il convient toutefois de relativiser la baisse annoncée. La précédente attribution en 2021 ayant été largement boostée par les énormes augmentations sur deux cols : Andoxe (passé de 7 000 à 21 500 €) et de Burdinolatze (de 24 500 à 46 250 €).
Les 100 000 euros récoltés par la Commission syndicale va lui permettre de continuer à améliorer le soutien au pastoralisme
« En 2018, les cols avaient rapporté seulement 71 375 €, soit 40 % de moins que cette année, c’est donc une très bonne année », insiste Jacques Barreix. La baisse de 10 % par rapport à 2021 correspond peu ou prou à une décision des organisateurs des enchères : « Pour les cols supérieurs à 500 euros, nous avions baissé la mise à prix de 10 % pour répondre aux remarques justifiées des chasseurs : mauvaise saison dernière avec un passage tardif et perte d’actionnaires avec des difficultés de renouvellement, on a voulu faire un geste et en retour ils ont bien joué le jeu » reprend le syndic de Soule. Un système « gagnant-gagnant » en quelques sortes. Car l’enjeu de ces enchères est d’importance pour l’économie locale, de façon directe et indirecte. Concrètement, les 100 000 euros récoltés par la Commission syndicale va lui permettre de continuer à améliorer le soutien au pastoralisme par des travaux autour des adductions d’eau des pâturages ou encore la réfection des voieries y menant. Par ailleurs, qui dit cabanes et cols occupés dit également retombées économiques pour toute une région. En venant passer plusieurs semaines dans le secteur, les chasseurs apportent toute leur contribution au développement de l’économie locale : commerces, restauration, hôtellerie, profitent en effet à plein de l’effet. Un argument sur lequel s’appuie Arnaud Fontaine, complétant même les vertus induites : « Outre les montants récupérés pour la Commission, l’important c’est que la montagne va être occupée pour les trois années à venir et que la chasse existe encore sur les hauteurs. »
L’initiative en faveur des jeunes initiée par Didier Lacroix
Le vice-président de la FDC 64 insiste sur la vitalité qu’offre la chasse à la montagne : « Aujourd’hui la montagne est occupée par beaucoup d’autres pratiques que la chasse historique et le pastoralisme. Des journées comme aujourd’hui démontrent que l’on aura un mois d’octobre encore vivant avec des gens intéressés par la nature de façon différente de certains. Ces chasses dans les cayolars sont des moments de convivialité entre copains. Quelques jeunes nous rejoignent, certainement attirés par ces moments de convivialité.» Mais ces jeunes se raréfient au fil des années, ce qui représente un motif d’inquiétude des élus. Alors certains ont des idées et les mettent en pratique. A l’image de Didier Lacroix, président du Stade Toulousain rugby, habitué des lieux depuis 30 ans et qui a conservé le col d’Andoxe : « Nous avons une équipe mixte avec des gens du terroir et d’ailleurs. Et nous réservons des postes gratuits pour des jeunes qui viennent tout juste d’avoir le permis, pour le côté initiatique qui nous tient à cœur ». Outre l’amour de la chasse, le président du club quintuple champion d’Europe, avoue volontiers son amour pour la région : « Depuis 30 ans que je viens, j’ai surtout eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires sur le Pays-Basque avec des valeurs humaines qui me correspondent. Je suis amoureux du Pays Basque en général, mais surtout de la Soule et plus particulièrement de l’auberge d’Ahuzquy à Aussurucq et de la famille Etchebarne Aguer. La vue qu’offre Ahuzquy, c’est le meilleur endroit au monde. Aujourd’hui les gros passages de palombes sont moins réguliers sur le col, mais quand elles y sont, elles y sont vraiment. Et les jours où il n’y en a pas, on remonte à Ahuzquy et on prend du bon temps. »
Texte et Photos : Fabrice Borowczyk
