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editoPour l’édito de cette semaine, nous ne reviendrons pas nécessairement sur les différents résultats de « nos clubs ».

De temps à autres, cet édito servira en effet de billet d’humeur, la presse traditionnelle devenant souvent de plus en plus « aseptisée », il n’est pas aisé de livrer le fonds de sa pensée, l’édito d’adour presse est donc là pour ça.

Aujourd’hui donc, nous ne reviendrons pas, par exemple, sur les victoires de la JAO et du FCO Rugby ou sur la nouvelle défaite du Mourenx Handball. Nous aurons en effet beaucoup d’autres occasions de le faire dans le futur. Parfois même de façon très proche. Non, rien de tout ça. Aujourd’hui, nous reviendrons sur ce match de rugby entre le FCO et Anglet de dimanche.

Ce 3 mars 2018, sur la plaine de St Pée, fût commis un assassinat. Le tout devant plusieurs centaines de témoins. On connaît quasiment tout : le coupable, la victime. Le coupable c’est l’ensemble du corps arbitral. La victime : le beau jeu. Cela fait 54 minutes que l’on joue, le FCO maîtrise son sujet, grâce à deux essais inscrits contre zéro à son adversaire basque. Survient alors le moment fatidique. Décidés à allier beau jeu et efficacité, les Oloronais, par l’entremise de Rémy Chantaclé démarrent leur partition. Au centre du terrain, le demi d’ouverture local nous offre du « rugby champagne », dans un slalom et un tour de rein dignes d’un Ingemar Stenmark que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître mais qui a fait rêver nombre de têtes chenues actuelles, l’Oloronais met totalement dans le vent deux adversaires par une feinte de passe avant d’achever sa « symphonie » par une offrande à Arnaud Pailhassar pour une course rectiligne de 45 mètres s’achevant dans l’en-but adverse. C’est le troisième essai du FCO, celui du bonus offensif. Tout le stade est debout. Mais beaucoup plus pour la beauté de l’action que pour la conséquence. Et d’un coup c’est la stupeur : « essai refusé, passage à vide », signale le corps arbitral. Dans sa feinte, Rémy Chantaclé a surpris tout le monde. Difficile de dire s’il a également surpris un des siens qui, pensant récupérer la balle sur la feinte, s’est engouffré, mais comment pourrait-il en être autrement ?

Le rugby, à l’origine, est un sport, certes de contact, mais aussi d’évitement. Le rugby est certes un sport, mais c’est aussi un jeu. Dans un jeu, il faut savoir prendre du plaisir. Et le plaisir n’a de sens que s’il est partagé. Donc, non seulement il faut savoir en prendre en jouant, mais aussi en donner. C’est exactement ce qu’a fait l’ouvreur oloronais sur cette action. C’est exactement ainsi que l’a vécu le public.

Alors, on n’essaiera même pas d’analyser si la faute était réelle ou pas, en revanche, l’intention était sublime. Nous réconciliant avec ce sport qui, trop souvent, nous offre des « rentre-dedans » aussi violents que pénibles pour les esthètes et les amoureux du beau jeu. Cet essai annulé, c’est tout simplement Mozart qu’on assassine. Même la providence a été offusquée et est intervenue. Son intervention s’est traduite par une perte de balle angloye sur un ballon tombé, toujours aux alentours de la ligne médiane, mais sur l’aile opposée. Charles Arroyo s’en est emparé et il a filé inscrire ce 3e essai, synonyme de bonus offensif dans les toutes dernières secondes du match... la justice venait de rendre son verdict. Dans le sport, comme dans la vie, il existe deux « camps » : d’un côté, il y a la « règle », la loi appliquée strictement et froidement, et de l’autre il y a l’esprit, le rêve, la beauté, l’imagination, l’audace et le plaisir. Chacun son camp, nous avons choisi le nôtre.